samedi 30 décembre 2023

La Zoubida (Aziz House Version) - Lagaf' (1991)



Fut un temps, il n'y a pas si longtemps, où le "vivre ensemble" en France était une réalité, contrairement à aujourd'hui. C'était une époque où la France était encore la France, avec de vraies valeurs. L'humour était souvent au rendez-vous, et personne ne faisait de scandale parce qu'un humoriste se moquait gentiment d'une communauté, ou riait des travers de certains. De nos jours, cela a bien changé, les gens ont pris la grosse tête et se prennent pour des dieux. Résultat, on ne peut plus rien dire, sous peine d'être taxé d'homophobe, de misogyne, d'islamophobe, de judéophobe et j'en passe... En plus, cela prend des proportions énormes avec les réseaux sociaux, réseaux qui ont contribué à l'éclatement total de la société. Quant aux médias, qui sont devenus complètement hystériques, ils ont eux aussi leur part de responsabilité là-dedans.

Dans les années 90, les humoristes se permettaient pas mal de choses. On se souvient des Inconnus, des Nuls, de Lagaf' ou encore d'Elie Kakou, pour ne citer qu'eux. 

Vincent Rouïl, avant de se faire connaître sous le nom de Vincent Lagaf', était dans les années 80 animateur au Club Med. C'était déjà un joyeux luron. Par la suite, il s'est installé à Paris et a commencé à jouer dans des cabarets. En 1987, une porte s'est ouverte pour lui : il a pu participer à l'émission TV "La Classe" sur FR3 et y jouer des sketchs.

C'est en 1989 que Lagaf' a enregistré le single "Bo Le Lavabo" : une chanson parodique qui se moque des morceaux qui entrent dans le 'Top 50'. Contre toute attente, "Bo Le Lavabo" s'est hissé à la 1ere place de ce fameux 'Top 50' courant 1990, et le single s'est écoulé à 440 000 exemplaires.

En 1990, Lagaf' est monté sur les planches et a joué son spectacle "Histoire D'en Rire", dans lequel il a endossé le rôle d'un certain Moktar lors d'un sketch. Cela lui a donné des idées pour la suite... 


Et la suite justement, la voici : Lagaf' a enregistré en 1991 "La Zoubida", une chanson comique qui n'a choqué personne à sa sortie. Au contraire, tout le monde la reprenait en choeur. "La Zoubida" a été écrite par Lagaf' et le musicien Dimitri Yerasimos, que l'on connaît surtout sous le pseudonyme de 'Dimitri From Paris'. Toutefois, il faut noter que la mélodie du morceau a été pompée sur celle de la chanson traditionnelle nommée "Le Pont De Nantes".

"La Zoubida" met en scène Zoubida, une jeune fille issue de l'immigration maghrébine qui vit dans une cité en région parisienne. Elle rêve d'aller danser le soir à Barbès, car un bal y est donné. Elle demande à sa mère si elle peut y aller, mais cette dernière lui ordonne d'aller dans sa chambre se coucher. Zoubida, triste et désespérée, n'a pas le choix et obéit à sa mère. Arrive ensuite Moktar au pied de son immeuble, sur un scooter doré. Il l'entend pleurer, l'appelle en criant son prénom et l'invite à aller danser. Zoubida met son chéchia et ses babouches chromées puis saute par la fenêtre de sa chambre et monte sur le scooter de Moktar. Ensemble, ils s'éclatent sur le périphérique et goûtent à la liberté. Malheureusement, ils se font arrêter par la police. Le scooter, Moktar l'a volé : il finit donc en prison. Zoubida, qui est au commissariat, va se faire engueuler par ses parents. Moralité : Moktar et Zoubida auraient mieux fait de passer la soirée devant la télévision (et faire autre chose sur le canapé...).

Tout compte fait, "La Zoubida", c'est en quelque sorte "Cendrillon" en version franco-maghrébine, avec toutefois une fin qui n'est pas heureuse.


Le single a été diffusé sur différents supports. Certains de ces supports ont proposé une version longue de "La Zoubida". Nommée 'Aziz House Version' et mixée par Dimitri Yerasimos, cette version rallongée, d'une durée de 8 minutes, contient des passages inédits.

Dans les classements français, "La Zoubida" a cartonné : elle a été n°1 pendant 11 semaines, principalement durant les mois d'Août et Septembre 1991. Elle n'a quitté le 'Top 50' que courant Janvier 1992. Au niveau des ventes, le single s'est écoulé à 625 000 exemplaires.

Le clip de la chanson a bien entendu permis à "La Zoubida" de s'ancrer dans les esprits, car ce clip était un sketch à lui tout seul, avec en plus des images montrant Zoubida et Moktar comme s'il s'agissait de personnages sortis tout droit d'un jeu vidéo - rappelons qu'à l'époque, les jeux vidéo étaient en plein essor en France. D'ailleurs, en Novembre 1991, la société 'Titus Interactive Studio' a édité le jeu vidéo "Les Aventures De Moktar" basé sur "La Zoubida", dont voici la publicité télévisée, avec en prime la voix de Lagaf' :



La Zoubida (Aziz House Version) - mp3


5 commentaires:

  1. Bonne analyse du fameux maintenant on ne pourrait plus faire ça. Et c'est bien triste, d'autant que la faute en revient à nos têtes pensantes et médias qui ont créé ce problème de toutes pièces pour mieux en rejeter la faute sur ceux qui le subissent. Une connerie de plus dont les conséquences hélas sont en train de péter à la gueule de tout le monde.
    Ceci dit, je te souhaite plein de bonnes choses pour la suite de la journée et les 12 mois qui suivent 🥳

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    1. Comme tu dis... On ne vit pas la meilleure des époques, et ça va finir par exploser. Merci pour tes voeux, je te souhaite également santé et prospérité pour l'année qui arrive ! Et longue vie à nos blogs.

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    2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Oui , autre temps , pourtant pas si lointain : En 91 , je me souviens de voir deux muzzs sortir d'un magasin de disque , en rigolant , avec le 45 tours ( on en vendait encore ! ) sous le bras . Aujourd'hui ce serait plutôt plainte à SOS racisme et couineries d'usage dans toute la presse de gauche (pléonasme) . Cette année - là , il y a quand même eu un journaliste - pédophile de "Libération" ( autre pléonasme avéré ) pour parler de " racisme insupportable " à propos de la " Zoubida " ! C'était l 'inquisition gauchiasse qui commencait à montrer sa trogne hideuse ( déjà amorcée quelques années plus tôt , avec les " touche pas à mon pote" de cette grosse nullité d'Harlem Désir , alors bombardé porte - parole de tous les "opprimés " de France ... ) C'était déjà le début de la fin , et on ne le savait pas encore ...

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    1. Voilà, au début les gens ont cru que ces associations allaient apporter de bonnes choses, et au final c'est devenu un véritable flicage permanent... De nos jours, on vit dans la peur, avec l'insupportable pression médiatique, couplée à celle des réseaux asociaux... En tout cas, les gens qui voient du racisme partout doivent être bien tristes et ne doivent pas connaître la signification des mots "humour" et "second degré"...

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